Guillaume Canet redevient simple acteur dans "Acide", le nouveau film du jeune réalisateur Just Philippot en salles le 20 septembre.
Il incarne un père qui vole au secours de sa fille, alors que la planète est menacée par de terrifiantes pluies toxiques.
L'un des rôles les plus intenses de sa carrière et l'occasion de sensibiliser le public à des thèmes qui lui sont chers.

2023 restera une année à part pour Guillaume Canet. Malgré les critiques, Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu est devenu le plus grand succès français de l’année, une jolie revanche après cinq ans de travail compliqués par la pandémie de Covid. De retour du Festival du cinéma américain de Deauville, dont il était le président du jury, on l’a retrouvé pour nous parler de Acide, le nouveau film du jeune réalisateur Just Philippot, révélé avec La Nuée

Brut de décoffrage, il incarne Michal, un ouvrier sous bracelet électronique après une violente altercation avec la police. Alors qu’il s’apprête à rejoindre sa nouvelle compagne à l'étranger, la planète devient la proie d’un phénomène de pluies acides qui sème la terreur. Entre drame et intime, thriller catastrophe et mise en garde sur les questions environnementales, c’est un long-métrage intense que sa vedette défend avec passion…

Après avoir réalisé et joué dans Lui puis Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu coup sur coup, c’était libérateur de redevenir simple acteur ? 

Quand je refais en film en tant qu’acteur après avoir réalisé, il y a toujours quelque chose d’assez agréable à se laisser emmener par un metteur en scène qui vous dirige. Là en plus je sortais d’un projet qui avait duré cinq ans ! Me retrouver sur un plateau avec Just Philippot, quelqu’un avec qui j’avais énormément envie de travailler ayant adoré La Nuée, oui j’étais très très heureux.

Est-ce une pure coïncidence d’être passé d’un film très grand public à un autre aussi radical ? 

Pas du tout ! Ça ressemble assez à ma carrière, en fait. Quand on regarde ma filmographie, j’ai tourné dans des films très différents, avec des réalisateurs très différents. Que ce soit Patrice Chéreau, Jerry Schatzberg, André Téchiné, Olivier Assayas, ou d’autres plus populaires… Mais parce que j’aime ça en tant que spectateur. Et ça me semble donc cohérent d’aller vers des familles différentes. Je crois que ça m’angoisserait si je ne faisais que des films d’auteur.  Ou l’inverse d’ailleurs.

Dans "Acide", des pluies toxiques sèment la terreur sur la France...
Dans "Acide", des pluies toxiques sèment la terreur sur la France... - Pathé / Bonne Pioche

Dans Acide, vous dégagez une violence rare, aux antipodes de votre image publique de "mec sympa". Est-ce qu’il a fallu aller la chercher loin ?

Non ! (Rires). Je pense qu’il y a une certaine violence en moi. J’ai toujours eu l’impression que les gens me voyaient comme le petit garçon de La Plage de Danny Boyle. Gentil avec une bonne tête et un peu lisse. Je pense être une personne un peu plus complexe, en fait. Avec des doutes, avec des angoisses. Avec des colères aussi. J’ai fait un zona à l’âge de 11 ans et un ulcère à l’âge de 12 ans ! Je dois avoir une prédisposition à la nervosité ! (Rires). Et puis j’ai vécu des choses dans ma vie qui font de moi quelqu’un d’un peu plus complexe qu’on peut l’imaginer. C’est ce que j’apprécie dans mes personnages dans La prochaine fois je viserai le cœur, dans Mon garçon ou aujourd’hui dans Acide : pouvoir exprimer cette charge qui existe en moi.

Comment pourriez-vous décrire votre personnage dans Acide ? Au départ, ce n’est qu’un bloc de colère…

Je le vois comme un animal blessé. On découvre assez rapidement dans le film qu’il souffre du dos après s’être bagarré avec les CRS. C’est un ours frustré de ne pas pouvoir exprimer la force qui est en lui. Après vécu une injustice sociale, il se retrouve face à une crise climatique alors qu’il espère pouvoir enfin se libérer de ses chaînes et partir vivre heureux auprès de sa nouvelle compagne. Et comme par hasard c’est le moment où sa fille a besoin de lui alors qu’elle l’a un peu abandonné ! Dans le film, il est sans cesse en train de puiser dans ses dernières ressources et c’est ce qui le rend très attachant, je trouve.

Il y a tellement de scientifiques qui nous disent que dans 25 ou 30 ans, ça n’ira VRAIMENT pas bien !
Guillaume Canet

Est-ce que ce film nous dit, à sa manière, qu’il faudrait prendre la crise climatique à bras-le-corps au lieu de s’épuiser dans d’autres combats sociaux ? 

Je ne crois pas, non. J’ai en beaucoup discuté avec Just et nous sommes d’accord sur le fait que ce sont deux choses complètement indissociables et incontournables. Le combat social et le combat climatiques doivent être menés de pair. Il n’y a pas un choix à faire entre l’un ou l’autre. Les deux sont une raison de survivre. On pourrait faire le parallèle entre la fin du mois et la fin du monde. Dans un cas comme dans l’autre, il faut se battre ! On me demande parfois en interview si je suis un éco-anxieux. Et ce qui me panique, c’est le label qu’on va mettre désormais sur certaines personnes qui se sentent concernés par le sujet. Aujourd’hui on ne devrait même plus en être là. Pourquoi être suspicieux alors que c’est une évidence ?

Guillaume Canet et Patience Munchenbach dans "Acide", un père et sa fille réunis par la catastrophe climatique.
Guillaume Canet et Patience Munchenbach dans "Acide", un père et sa fille réunis par la catastrophe climatique. - Pathé / Bonne Pioche

 Il y a tellement de scientifiques qui nous disent que dans 25 ou 30 ans, ça n’ira VRAIMENT pas bien. Et il y a quand même des signes, plus que parlants, dans le monde entier ! Si j’étais célibataire sans enfant, je pourrais fermer les yeux et me dire que si je meurs dans 30 ans à cause du climat, après tout j’aurais bien vécu. Sauf que j’ai de jeunes enfants. Et je n’ai pas envie qu’adultes, ils vivent une situation aussi terrible que les personnes dans Acide. Je suis donc concerné et inquiet. Mais je reste positif parce que c’est important de l’être. Je crois d’ailleurs qu’à travers l’histoire intime et familiale derrière la catastrophe, le film apporte une dose d’espoir.

Vous l’avez laissé entendre : qu’on soit climatologue ou artiste, c’est difficile de se faire entendre sur ces questions. Ça vous désespère parfois ? 

Non même si je peux comprendre. D’abord il y a la capacité des gens à entendre les choses. Ce sont des sujets anxiogènes et certains préfèrent se boucher les oreilles. C’est naturel et respectable. Mais je m’aperçois aussi qu’on est souvent pris comme des donneurs de leçon. Ce qui est formidable dans mon métier, c’est qu’on peut faire passer un message à travers une histoire et des personnages. Au nom de la terre, par exemple, est un film qui a sensibilisé des gens qui n’étaient pas du milieu paysan. Si avec Acide, on peut faire comprendre des choses aux spectateurs, les sensibiliser au fait que les pluies acides existent depuis les années 1980, qu’elles sont liées à la pollution, et que ça pourrait être dangereux pour tout le monde à terme, tant mieux. Mais je n’ai pas envie d’aller à l’encontre des gens qui n’ont pas envie d’entendre. Parce que chacun est fait comme il est, avec ses angoisses et sa manière de s’en défendre.

>> Acide de Just Philippot. Avec Guillaume Canet, Laetitia Dosch, Patience Munchenbach. 1h30. En salles le 20 septembre


Jérôme VERMELIN

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